Sylvie
De l'écume mordorée de la mer Egée
Tu émergeas , brandissant un livre d'Hésiode .
Altière déjà, aux côtés de Galatée,
Du grand Anacréon tu déclamais les odes .
Très tôt, du Mont Parnasse tu fis ton séjour .
Avec les Muses, tu en célébras le roi
Qui par sa harpe divine enchanta tes jours .
Sur cette cime, tu connus tes premiers émois .
Emplie de la Lumière du fils de Léto
Ta vie entière allais-tu alors consacrer
A dissiper ténèbres et vains oripeaux .
Des terres picardes aux sylves de la Comté,
Sans jamais te lasser, sur l'océan des Belles-lettres,
Nourrie de Sophocle, Eschyle ou Aristophane,
Tu allais voguer, sereine et toujours experte,
Vestale toute vouée à la culture profane,
Quand soudain de cet océan limpide et calme
Surgit l'un des fils de Cronos et de Rhéa .
Enivré par les doux effluves de tes charmes
Sans attendre, son amour, il te déclara
Et l'embarquement pour Cythère te proposa .
Aux bras de Daniel, alors tu t'abandonnas,
Délaissant les subtiles plaisirs du Parnasse
Pour les délices ardents de l'île salace .
Mais à Cythère aussi, les Muses te hantèrent
Et subrepticement tu désertas ce port.
Sur le char du Dieu à la chevelure d'or,
Depuis ce jour, sans cesse, tu sillonnes l'éther,
Prodiguant à profusion tes grandes lumières
A tous ceux que tu as croisés sur ton chemin .
Sylvie, nous avons eu cette chance éphémère
De profiter de ces philtres souvent divins
Que tu nous as si habilement distillés .
Auréolée de maints succès si mérités,
C'est à l'université de Franche-Comté
Que la culture, tu vas désormais semer .
Et pendant qu'il est encor temps, puisse Apollon
Renouveler ses impérieuses tendresses
Et qu'un laurier, en la cour du collège, naisse,
Eternel hommage à ta discrète passion .
Jep