Eloge de l'enui et de la paresse
Jean d’Ormesson, malgré ses 91 ans, fait la une de nombre de médias et en effet en parcourant un certain nombre de ses productions je me suis rendu compte que non seulement c’était un écrivain talentueux mais que ses romans révélaient aussi une réflexion empreinte d’une profonde philosophie à la portée de tous, ce qui révèle l’importance de ce personnage.
Parmi toutes ses réflexions j’ai retenu celle-ci qui n’est pas la plus répandue mais qui m’a interpellé :
« J'écrirais volontiers un éloge de la paresse et de l'ennui. La paresse, rien de plus clair, est la mère des chefs-d’œuvre. Très loin de l'abrutissement qui naît des grands postes et des hautes fonctions, l'ennui est cet état béni où l'esprit désoccupé aspire à faire sortir du néant quelque chose d'informe et déjà d'idéal qui n'existe pas encore. L'ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie. Dieu s'ennuyait avant de créer le monde. Newton était couché dans l'herbe et bayait aux corneilles quand il a vu tomber de l'arbre sous lequel il s'ennuyait la pomme de la gravitation universelle.
Les petits esprits s'énervent au milieu de foules de choses, la plupart du temps inutiles. Les grands esprits ne font rien et s'ennuient comme Descartes "enfermé seul dans un poêle en Allemagne" avant de découvrir des cieux. Chateaubriand bâillait sa vie avant d'écrire Atala, et René, et les mémoires d'outre-tombe. »
Jean d'Ormesson Extrait de « Qu'ai-je donc fait (2008) »
Qui n’a pas entendu répéter à l’infini « L’oisiveté est la mère de tous les vices »
Pour vous aider dans votre réflexion quelques avis de grands auteurs
Caton l’Ancien disait : En rien faisant on apprend à mal faire et l’on trouve dans l’Ecclésiastique (chapitre XXXIII, v. 29) cette phrase : Multam malitiam docuit otiositas, ce qui veut dire que : l’oisiveté a toujours enseigné beaucoup de mal.
Hésiode a dit : Le travail est la sentinelle de la vertu.
Horace nous a laissé sa pensée à ce sujet dans ces quelques mots : Vitanda est improba siren desidia, ce qui signifie : l’oisiveté est une dangereuse sirène qu’il faut éviter.
Le bonhomme Richard nous a laissé sa pensée d’une façon assez originale, ainsi il disait : l’oisiveté va si lentement que tous les vices l’atteignent
L’oisiveté n’est fatale qu’aux médiocres.
Camus
L’oisiveté est la mère de la philosophie.
Thomas Hobbes (1651)
Les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté n’a jamais créé de vices.
Paul Valéry (1924)
L’oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions.
Albert Jacquard
La noblesse se conserve par l’oisiveté ; ne rien faire, c’est vivre noblement.
Victor Hugo
La tradition biblique rapporte que la félicité du premier homme avant la chute avait pour condition l’absence de travail, l’oisiveté. L’homme déchu a conservé le goût de l’oisiveté, mais la malédiction pèse sur l’homme non pas seulement parce que nous devons gagner notre pain à la sueur de notre front mais parce qu’en vertu de notre nature, nous ne pouvons être oisifs et en paix.
Et vous qu’en pensez-vous ?
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Dans ce monde hyper-productif où ne compte que l’activisme et l’effervescence (même pour les retraités) ne serait-il pas nécessaire d’accorder une place plus importante à la paresse, au farniente voire à l’ennui ?
- Essayez d’imaginer ou de répertorier des domaines où le farniente peut être positif voire utile à l’Humanité.
- Pour vous est-ce que l’ennui est source de souffrance, d’angoisse ? Ne peut-il pas engendrer un mieux-être voire être source de bonheur ?
Jep