Ciel d'Enfer
Il va sur le chemin
Les mains tournées vers le ciel
Son cœur saigne
Il a perdu la foi
Foi en l’Homme
Et pourtant il va
Nu, le corps offert aux vautours.
Il s’est pris un joint, il a sniffé
Mais le bonheur il n’a pas trouvé
D’une overdose il a failli crever
Mais quelqu’un est passé, par hasard
Alors il a appelé le Smur
Ils l’ont chargé
Dans la bétaillère blanche
A l hosto, ils l’ont livré
Comme un paquet de rien
Et les hommes blancs
Aussitôt se sont précipités
Bravo les mecs
Malgré l’habitude, l’accoutumance
L’overdose de merde
Votre boulot, vous le faites
Comme des hommes
Soudain vos visages s’illuminent
Vos corps tout entiers s’embrasent
Yahvé dans le buisson ardent
Mais oui le message est clair
Comme un ciel d’acier un jour d’hiver
Moshe ! Moshe ! Va !
Délivre ton peuple de l’esclavage
Ton peuple ! Mon peuple !
Je suis avec toi ! Va mon fils !
Va ! Homme !
Alors commence un étrange rap
Les nymphes en tulle blanc
Aussi clean que les top-models
De Jean Paul Gauthier
Se trémoussent et se tortillent,
Leurs corps envoûtés par la voix du patron
Qui de ses gros doigts d’homme de chair
Branche les fils de vie.
Reliés à maints flacons,
Ils composent un écheveau
De cordons translucides
Dans lesquels se glisse le sérum
Souvent incolore
Mais d’une incouleur qu’on voit
Parce qu’elle n’est pas inerte
Parce qu’avec elle
On peut recommencer
A peindre la vie
En rose et bleu
Couleurs du ciel et de l’amour.
La lumière s’estompe,
Le son caoutchouteux
Des froufroutements
De blouses chaudes et de tuyaux
En écorce de pétrole
S’éteint.
**
La danse s’arrête
La vie se meurt
Mais là
Sans couverture
Dans ce corps endolori
Dans ce corps transparent
Je perçois une lueur
Encore sans couleur
Mais déjà si chaude
Que le frisson de la mort
A succombé.
Le miracle se réalise,
Discret.
Au petit jour,
Dans une salle sans couleur
De l’hôpital sans nom
Jephi revit
**
Mais déjà l’ombre rose de l’Aurore
Joue avec les canaux de plastique
Qui conduisent le nectar de vie
Au cœur du cœur de Jephi
Le sang incolore rosit
Le jour se lève, Jephi est vivant
Et murmure : « Merci Seigneur »
Quelques anges
En robe de titane moiré
Dansent dans l’air azuré
Qui inonde le cachot laiteux
Dans lequel je repose
Allongé sur un lit d’étoiles
**
La douce brise
Animée par leurs ailes de miel
Me caresse le visage
Le parfum de leurs lèvres de rubis
M’enivre
La cam ! me dis-je incrédule
Comme c’est étrange !
Je me croyais mort !
Le plaisir s’accentue
Tout mon corps frémit
Je n’ai jamais éprouvé de telles sensations
Pas même pendant ces longues nuits
Où mon corps se consumait d’amour
Incendié par les charbons ardents
De ton âtre de velours.
Le plaisir s’éternise
Il se mue en bonheur
En béatitude
On dirait Dieu
Drôle de cam !
Elle a dû être extraite
Par une déesse
D’une plante céleste.
Et les anges continuent leur ronde
Spectacle étrange, indicible.
Tous mes sens se dissolvent
Et se multiplient à l’infini
Le plaisir se dissout lui aussi
Dans tout mon corps
Dans toutes ses fibres
Dans toutes ses cellules
Dans toutes ses particules
C’est comme si chaque atome
De mon corps
Faisait l’amour
En même temps, à l’unissons
Avec chaque atome de l’Univers
Féerie cosmique
**
Vibration universelle.
Et je me surprends soudain
A parler le langage des anges
Je comprends Tout
Babel n’a jamais existé
La connaissance, la sagesse,
La suavité du spectacle qui m’est offert
Me bouleversent
Il m’est donné de discerner
De goûter
Toutes les nuances
Tous les ocelles
De cet opéra cosmique
Où se fondent, dans une danse
A la fois consubstantielle et transsubstantielle,
Dante, Shakespeare, Platon,
Elie, Einstein, Virgile,
Beckett, Dali, Pasolini,
Et la petite Thérèse.
Et je participe de tout mon Etre
A cette explosion exponentielle de la Vie
L’extase éternelle
Du corps, du cœur, de l’esprit,
De l’Etre entier, dans sa complexité
Dans sa plénitude
Dans son infinie diversité
Et dans sa totale unité.
La fusion
L’absorption totale
La dissolution dans l’infini
Et l’infinie concentration de l’infini
En moi.
a jouissance inouïe
De la Révélation
La naissance
A la plénitude de l’éternité.
Jep